L’esprit communautaire et la solidarité nous tiennent à cœur

Ecosystème entrepreneurial
05.09.2018
La culture de plantes aromatiques et médicinales de la coopérative féminine « Aned » dans la chaîne de l’Atlas, Maroc, Afrique du Nord

Avec l’aide de la nature

Au Maroc, la culture des plantes médicinales et des herbes aromatiques remonte à très longtemps. Dans ce pays, elle est traditionnellement une affaire de femmes. Aujourd’hui, ce sont principalement les coopératives féminines qui cultivent et transforment les plantes. Les jardins se trouvent non loin des villages afin d’ouvrir aux femmes de nouvelles opportunités de revenus à proximité.

Nous accompagnons Zhour Hssikou et les femmes de la coopérative sur les petites parcelles de plantes aromatiques en longeant les vergers. Zhour est présidente de la coopérative féminine d’Aned, un village qui se trouve à 1600 mètres d’altitude dans l’Atlas marocain. 

Les jardins de plantes aromatiques

Thym, romarin, origan, sauge, lavande, armoise, laurier, achillée, genévrier et bien d’autres plantes encore y sont cultivées. La coopérative féminine a été fondée en 2010 et compte aujourd’hui 73 membres. Les femmes gèrent ensemble la culture, la transformation et la vente des plantes aromatiques et médicinales.

Un système de canalisation ingénieux irrigue les parcelles. « Ma grand-mère possédait une vaste connaissance des plantes médicinales, c’est elle qui nous a sensibilisés au pouvoir de guérison des plantes et qui nous as transmis les bases de notre-savoir-faire. », explique Zhour.

La récolte matinale

Tous les matins après la récolte, au printemps et en été, les femmes trient les plantes dans la grande pièce de la coopérative. La récolte est ensuite séchée puis distillée. Rokaya nous montre avec fierté comment trier les plantes, puis les glisse délicatement dans le four de séchage.

Les produits distillés, les alcoolatures, les huiles et les plantes séchées sont vendus avant tout sur les marchés locaux. Les graines et les jeunes plants sont mis en pot dans la petite serre. Ils sont ensuite distribués aux femmes.

Swisscontact accompagne la coopérative féminine dans le cadre du projet ASAP-M, en partenariat avec la Société Marocaine des Plantes Aromatiques et Médicinales (SOMAPAM). Grâce aux formations qui leur sont offertes, les femmes apprennent comment multiplier et planter les semis, comment traiter leurs cultures biologiquement et sans chimie et comment régénérer le sol.

Sortir des rôles traditionnels

La coopérative collabore avec des femmes déjà mères de famille. Le but est de leur donner une voix sur le plan social, culturel et politique, car cette voix est indispensable pour dépasser le rôle traditionnel qui leur est attribué par la société. Il s’agit d’un processus lent qui avance pas à pas.

« Notre mission est ici d’aider les femmes à découvrir leurs propres capacités et à prendre confiance en elles-mêmes », explique Zhour.

Toutes les prairies, tous les alpages, toutes les montagnes et les collines sont des pharmacies,

écrit un jour Paracelse.

« Nous collaborons afin d’améliorer les conditions et la qualité de production et pour aider la coopérative à conclure des accords commerciaux durables avec les acheteurs locaux. 

Les représentantes de la coopérative suivent des formations en entreprenariat afin de renforcer leur capacité de négociation et de faciliter leur accès au marché et au crédit. Les formations portent sur l’élaboration de contrats, les techniques de négociation, les plans d’affaires et les plans annuels ainsi que sur les négociations financières et la gestion de crédits. « Les femmes transmettent le savoir-faire acquis aux membres de la coopérative et assurent ainsi un effet durable. La collaboration au sein de coopératives renforce le pouvoir des femmes et facilite les échanges avec les autorités locales », raconte Zhour, la présidente.

Mettre fin à l’isolement

« Je suis la seule à avoir fait des études, c’est pourquoi j’ai été chargée de diriger cette coopérative spécialisée dans les plantes médicinales et aromatiques. Nous misons sur l’esprit communautaire et la solidarité », raconte Zhour.

« La plupart des femmes sont illettrées, ce qui confronte notre coopérative à plusieurs difficultés. Nous avons de sérieux problèmes de publicité et ne disposons pas de locaux équipés pour présenter et vendre nos produits. Les prix bas menacent nos recettes. Mon but est de continuer de développer notre projet, de garantir un revenu fixe et de sortir de l’isolement en prenant en main notre intégration et en contribuant au développement. »

Le projet ASAP-M est financé par la Direction du développement et de la coopération (DDC) et mis en œuvre par Swisscontact.