Les mareyeuses du sud-est du Bénin profitent des innovations dans la transformation du poisson

Agriculture durable
02.12.2021
Transformer le secteur de la formation et le rendre plus indépendant des fonds des donateurs est l'un des plus grands défis du développement systémique. Cela nécessite un effort synchronisé à plusieurs niveaux, notamment l'amélioration du cadre réglementaire, le renforcement des prestataires de formation privés innovants et le changement de comportement des bénéficiaires finaux. Béninclusif augmente ses efforts pour aborder ce problème en pilotant des sessions de formation en collaboration avec des partenaires qui sont prêts à cofinancer et avec des contributions obligatoires des participants. Cela réduit la dépendance à l'égard des fonds externes et permet de mieux intégrer l'offre de formation dans le contexte local. Le projet est convaincu qu'une solution véritablement durable ne peut être trouvée qu’en adoptant une approche progressive s'éloignant du statu quo.
Les transformatrices lors du lavage des poissons
La torsion du poisson Clarias avant le fumage

Pour améliorer la qualité du poisson transformé et réduire l'impact négatif sur la santé des transformatrices, il est essentiel qu'elles apprennent de meilleures techniques et une façon plus moderne de transformer le poisson. C’est dans ce cadre, qu’en collaboration avec la Coopérative des Distributeurs de Poissons d’Elevage (CODIPE) de l’Ouémé-Plateau, le projet a organisé à Porto-Novo un renforcement des capacités au profit de 25 mareyeuses membres.

Les thématiques abordées se concentrent sur : (i) les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication du poisson fumé et du poisson fumé séché ; (ii) les bonnes pratiques de fumage et de conservation du poisson frais en milieu réel ; (iii) les techniques améliorées de production et de conservation du poisson transformé ; (iv) la gestion financière et administrative adaptée ; (v) le marketing et la recherche de nouveaux marchés ; (vi) la vie associative et le leadership.

Cette formation est animée par le professeur Victor Anihouvi, spécialiste de la transformation des produits animaux et s’inscrit dans le cadre d‘un partenariat (cofinancement) établi avec le projet Béninclusif. Un accent particulier est mis sur les avantages et les inconvénients des fours traditionnels et améliorées dont le fumoir « FTT Thiaroye » développé au Sénégal et le fumoir « Qualisani » développé par une équipe de la faculté des sciences agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi. Leur développement répond au besoin d’amélioration des opérations de fumage et de séchage de poissons à petite échelle.

« Il est très important que ces acteurs de la transformation adoptent le four « FTT Thiaroye » ou « Qualisani ». Cela va contribuer à l’amélioration de leurs revenus » souligne le professeur. En suivant avec beaucoup d’intérêt ces nouvelles notions abordées, les participantes ont acquis des compétences pour améliorer la qualité sanitaire des produits fumés et répondre efficacement aux exigences de leur clientèle.

Le four "FTT Thiaroye"

Madame Emma Klouyo transforme et commercialise le poisson-chat africain dans les marchés du Bénin et du Nigéria. « J’utilisais pour le fumage de mes poissons un fumoir composé d’un baril métallique superposé d’un grillage et des cartons, plastiques ou le bois de recyclage comme combustibles. L’huile du poisson issue du processus de fumage tombe directement dans le feu dégageant une fumée dense » explique Emma. Malheureusement, cela n’assure aucune sécurité au niveau de sa santé et de son travail car elle est en contact direct avec la fumée et le poisson transformé n’est pas de bonne qualité.

Lors de la formation, Emma apprend qu’avec cette technique, elle peut produire de façon intensive, une meilleure qualité de poissons fumés, exempts des produits chimiques générés lors du fumage et qui sont toxiques et cancérigènes pour l’organisme humain. De même, elle peut utiliser des produits d’agriculture pour le feu tout en faisant une économie sur le bois ou le charbon. Emma compte bien profiter des opportunités que ces techniques améliorées innovantes vont lui procurer. 

Emma Klouyo, transformatrice de poisson à Porto-Novo (sud-est Bénin)

« Dorénavant, j’utiliserai cette technique qui m’aidera non seulement à fumer plus efficacement mes poissons mais surtout à réaliser une production intensive de bonne qualité en vue d'une augmentation de mes ventes et de ma rentabilité » 

»Cette formation était plus que nécessaire pour les membres de CODIPE. Nous ne savions pas valoriser nos produits et nous avions beaucoup de lacunes concernant la tenue de nos comptes d’exploitation.  Les formateurs nous ont aidé à trouver des stratégies innovantes de démarchage et de diversification des clients. Nous allons donc prendre les dispositions pour adopter ces fours, ensuite nous pourrons attirer les clients en leur montrant la qualité de nos produits«
Emma Klouyo, présidente de la Coopérative des Distributeurs de Poissons d’Elevage (CODIPE) de l’Ouémé-Plateau
Janvier Adjimon Tchouvi, pisciculteur et transformateur de poisson à Sèmè Kpodji, prévoit restituer les acquis à ceux qui n’ont pas pu suivre la formation.

« Je me sens privilégié d’avoir participé à cette formation qui m’a permis d’acquérir des compétences sur la technique de conservation des poissons fumés. Auparavant, je laissais le poisson fumé à l’air libre, à la merci des mouches et la poussière. Grâce à la formation, j’ai appris à conserver le poisson dans des seaux en plastique et dans des emballages en sachet ».

L’accès aux marchés locaux de poissons fumés ouvre de réelles opportunités d’emplois et de revenus pour Emma et les autres transformatrices de poissons. Grâce à leurs nouvelles compétences, elles pourront établir des partenariats avec d’autres acteurs notamment la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCIB) pour une augmentation de leurs revenus et une amélioration de leurs conditions de vie tout en respectant et en protégeant l’environnement.